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« Plus jamais ça ! »

Témoignage de Dieunor Excellent Maire de Villetaneuse



Nous avons tous vécu de loin ou de près plusieurs nuits de violences urbaines à la suite de la mort de Nahel, âgé de 17 ans, injustement tué à bout portant par le tir d’un policier pour un refus d’obtempérer au volant d’une voiture. Ce drame déclencha un déferlement de violences : voitures brûlées, mobilier urbain décimé, bâtiments publics incendiés, mobilisant policiers, gendarmes, pompiers, agents des collectivités, élus et des citoyens engagés.


Villetaneuse n’a pas été en reste. Des voitures ont été brûlées, retournées, des commerces ont été vandalisés et vidés, et la mairie a fait l’objet de deux attaques. Je me suis retrouvé en tant que Maire à éteindre directement le feu pour sauver ma mairie.


Retour sur les faits, il est 1:15 du matin le vendredi 30 juin 2023, je suis en voiture avec ma compagne qui assure à mes côtés la veille de plusieurs bâtiments publics et ma fille venue passer le week-end à la maison que je viens de récupérer à la gare. Je reçois un appel téléphonique du gardien de l’hôtel de ville m'informant que des individus sont en train d’y mettre le feu : des jeunes, munis d’un jerrican d’essence, de mortiers et de cocktails molotov, ont donné l'assaut en cassant la baie vitrée au rez-de-chaussée de la salle des manifestations en projetant leurs engins incendiaires.


J’ai aussitôt prévenu le commissaire de police afin qu’il puisse nous envoyer une patrouille ainsi qu’une intervention des pompiers, puis nous pénétrons dans l’hôtel de ville afin d’aider le gardien à éteindre les départs de feu dans la salle des manifestations.

Ce fut une longue lutte, nous ne pensions pas que nous y arriverions car des jeunes continuaient à tirer à coups de mortiers pendant que nous nous acharnions à éteindre le feu à l’aide d’extincteurs.


Enfin la police arriva sur place et repoussa cette première attaque. Après avoir complètement éteint le feu nous pensions que le calme reviendrait mais malheureusement une heure plus tard nous devions faire face à une deuxième offensive par un véhicule bélier, avec pour cible la porte d’entrée de l’hôtel de ville, heureusement arrêté par une chaîne de sécurité l'empêchant de pénétrer dans le hall d’accueil du bâtiment. Je vous laisse imaginer la suite si cet engin avait atteint son objectif.


La mairie était pourtant occupée par plusieurs personnes, mais cela n’a pas arrêté ces jeunes dans leur détermination d’y mettre le feu. Je ne l’ai pas accepté, j’ai éteint le feu en mettant en péril mon intégrité physique ainsi que celui de ma famille pour sauver notre mairie, notre maison commune, symbole de la République et du service public.


Après cette deuxième tentative nous sommes restés éveillés jusqu’à 6h00 du matin dans l’angoisse d’une autre tentative d’incendier l'hôtel de ville. Durant cette longue veille, j’ai passé toute la nuit à me poser les mêmes questions. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quel est le lien entre la mort de Nahel et le fait de vouloir mettre le feu ? En tentant d’incendier la mairie, est-ce la République qu’ils souhaitaient attaquer ? Qu’aurions-nous pu faire pour éviter cette escalade de violence ? Quel est le sens d’incendier la mairie ? Ont-ils oublié qu‘elle est le lieu central de l’administration où l’on effectue nos démarches administratives, c’est l’institution qui fournit les passeports, les cartes d’identité, qui permet d’inscrire ses enfants à l’école, aux séjours, à la cantine, à la garderie, qui porte des projets pour l’amélioration de la ville, qui construit des écoles, qui veut le meilleur pour ses habitants ?


Est-ce ainsi que l’on peut obtenir justice ? Est-ce en détruisant son lieu de vie de proximité, sa mairie, des équipements publics qui manquent déjà dans nos collectivités, en brûlant les voitures, en pillant le supermarché de proximité, en brûlant les poubelles que justice sera rendue ?

Sont-ils conscients que ce sont leurs quartiers, leurs familles, leurs frères, leurs sœurs qui vont subir les conséquences de leurs actes, de l’image qu’ils créent, de la stigmatisation qui va peser sur les habitants de leur ville. N’y aurait-il pas d’autres moyens non-violents et efficaces pour obtenir justice ?


Je considère que brûler une mairie c’est renier les valeurs de la République, c’est déconsidérer le service public qu’elle porte aux habitants, aux familles, aux enfants, aux personnes âgées mais aussi aux jeunes.


La mairie de Villetaneuse a été sauvée cette fois-ci, mais d’autres comme celle de l’île Saint Denis ou de Saint-Denis ont subi des dommages très importants.


Rien ne justifie les violences envers des personnes, des biens, et les institutions…. Celles-ci ont atteint leur summum lorsque le domicile privé du Maire de Hay les Roses a fait l’objet d’une attaque à la voiture bélier alors que sa femme et ses deux enfants étaient à l’intérieur. S’en prendre à des élus de la République, aux institutions, ou aux familles est intolérable ! Rien ne peut justifier ces actes ! Pour autant, bien qu’inacceptable, ces violences nous obligent à la réflexion et à l’action.


Comment en sommes-nous arrivés là ? Cette question me taraude car ce n’est ni la première fois, et malheureusement, ni la dernière fois que nous devrons gérer de telles scènes de colère, de révolte, de haine et de violences, notamment dans nos quartiers populaires.

Il est d’une évidence que les mêmes causes produisent les mêmes conséquences. Tant que nous n’apporterons pas de solutions aux problèmes qui nous sont remontés de manière récurrente depuis tant d’années, nous ne pourrons espérer un apaisement durable. Au contraire, on ne peut s’attendre qu’à une montée en puissance de ces mouvements de colères, symptômes du sentiment d’abandon et d’injustice qui grandit dans nos villes populaires vis-à-vis de l’Etat.


Souvenons-nous de Makomé âgé de 17 ans, menotté et tué en 1993 d’une balle en pleine tête par un inspecteur pendant sa garde à vue dans un commissariat du 18ème arrondissement à Paris. Ce drame donna lieu à plusieurs nuits violentes.


Souvenons-nous de Zyed et Bouna, âgés de 17 ans et de 15 ans, morts en 2005, à Clichy-sous-Bois, électrocutés en se cachant dans un transformateur électrique pour fuir à un contrôle de police. Cela a donné lieu à trois semaines de violences dans les quartiers populaires…


Souvenons-nous de Mouhsine et Laramy âgés de 15 ans et 16 ans, à Villiers-le-Bel en 2007, morts dans une collision entre leur moto et une voiture de police. Des affrontements sans précédent, avec tirs à balles réelles ont eu lieu pendant plusieurs nuits. Certains jeunes et des policiers dont un commissaire de police fut passés à tabac.


Souvenons-nous de Adama Traoré, âgé de 24 ans, décédé dans la caserne de gendarmerie de Persan en 2016, dans le cadre son interpellation à Beaumont sur Oise pendant laquelle il y a eu utilisation du placage ventral. Sa famille réclame justice depuis plus de 7 ans.


Il y a eu encore trop de drames similaires. La plus récente, est la mort de Nahel. Trop souvent le même scénario, un jeune tué par un policier dans des contextes d'interpellations qui ne semble pas toujours respecter le cadre professionnel. Dans certains cas on parle de faute, d’incident de police, voire d’accident, de bavure, d’homicide involontaire mais quasiment jamais d’homicide volontaire ou de meurtre. C’est parfois lié à une course poursuite qui se termine par un accident mortel, d’un tir mortel ou une intervention disproportionnée en usant de technique de neutralisation parfois mortelle.


Quand ces faits sont médiatisés sur les réseaux sociaux c’est l'embrasement général dans nos quartiers. Résultat des courses, nous assistons aux mêmes scènes d’affrontement, d’incendie, de vandalisme et l’on demande toujours aux parents des victimes d’appeler au calme et à l’apaisement dans leur chagrin, douleur, et colère comme pour rattraper un mal qui est déjà fait et de faire confiance à la justice.


En scandant « justice pour Nahel » et « pas de justice, pas de paix », les proches des victimes et ceux qui se révoltent et s’indignent ont le sentiment d’avoir une justice à deux vitesses, une justice qui discrimine, une justice raciste, une justice injuste. Certains considèrent alors qu’il vaut mieux faire justice soi-même, et dans un élan de détresse et de folie ils préfèrent en découdre avec les forces de l’ordre et détruire tous symboles représentant nos institutions. Oui les mêmes causes produisent les mêmes conséquences. Nous ne devrions pas nous passer de l’analyse des causes et être dans un simple jugement des conséquences.

Il s'agit aussi d’un problème politique auquel les gouvernements successifs n’ont pas su apporter les réponses politiques adéquates.


Lors de la marche blanche de Nanterre pour Nahel à laquelle j’ai participé, parmi tous les slogans, on entendait « justice pour Nahel », « pas de justice, pas de paix » aussi « tout le monde déteste la police ». Ce besoin de vérité et justice était palpable sur le visage de tous les manifestants.

On le sait, et ce depuis des décennies que certains jeunes des quartiers populaires ont une relation conflictuelle permanente avec les policiers. Ils se déclarent encore être victime de contrôle au faciès, d’insultes racistes, d’arrestations parfois abusives, d’attitude méprisante de manque de respect, c’est ce que plusieurs expriment régulièrement.


Comment sortir de cette spirale de rancœur permanente entre ces deux antagonistes pour construire une relation pacifique basée sur la confiance en un ordre juste représenté par les gardiens de la paix ? Une nouvelle autorité légitime doit naitre et cela ne peut se faire que dans une relation de confiance en un ordre juste.


Les policiers font majoritairement bien leur travail. Ce sont des hommes et des femmes, des pères, des mères de famille. Je n'ose penser qu'ils se lèvent le matin en se disant qu’ils vont provoquer, insulter, mépriser, voire tuer des jeunes, notamment ceux des quartiers populaires.


Être policier, c’est un métier sans doute difficile, harassant, mais indispensable, pour la sécurité et la stabilité de la société. Je ne pense pas qu’il faille cracher sur toute l’institution, il faut faire la part des choses entre les policiers compétents, professionnels, dignes et ceux qui déshonorent la fonction. Il n’y aurait pas eu l’intervention de la police et des pompiers, ma mairie aurait été ravagée par le feu.


Et c’est la raison pour laquelle la justice doit être saisie et se prononcer vite et de manière juste et impartiale, sans impunité, notamment envers ceux qui ont participé aux actes de violences mais aussi envers le policier qui a tué Nahel.

Nous voulons croire à cette justice républicaine, à cette justice commune, à la même pour tous, celle qui garantit l’égalité. Que l’on s’appelle Makomé, Zyed, Bouna, Moushine, Laramin, Adama, Nahel, que l’on habite dans un quartier populaire ou pas, on mérite la même justice juste et non une justice de seconde zone.


Pour ne plus vivre ces drames, Il faut un changement immédiat et radical dans le mode d’intervention de la police. Il faut changer les techniques d'interpellation notamment le placage ventral qui selon plusieurs experts, peut être mortel car il peut conduire à une asphyxie positionnelle, lié à une pression exercée sur le coup ou le dos de l’interpellé. Cette technique d'interpolation est interdite dans certains pays européens. Nous avons tous en mémoire l’assassinat raciste de George Floyd aux USA en 2020, immobilisé pendant huit minutes par un policier blanc utilisant cette méthode de placage ventral. Cette vidéo a tourné en boucle dans le monde entier et a suscité le mouvement de révolte et d’indignation de “Black Live Matter”.


Il semble aussi évident qu’il faut interdire aux policiers de tirer à bout portant sur un individu pour un refus d’obtempérer si la vie du policier n’est pas en danger. Un bon policier doit savoir discerner une réelle situation de légitime défense lui permettant de faire usage de son arme à feu de manière proportionnée. La vidéo dans laquelle nous voyons Nahel se faire tirer dessus nous laisse fortement douter que le policier était en situation de légitime défense. C’est la raison pour laquelle il faut « justice pour Nahel » sans équivoque, avec la plus grande fermeté et intransigeance.


Il faut oser poser le problème avec sincérité et objectivité. J’appelle notre gouvernement à prendre des positions fortes en portant un changement de doctrine sur les modes d’interventions des policiers dans certains quartiers dit sensibles. De mieux les former, de les équiper de caméra piétonne afin de les protéger mais aussi de les sanctionner quand ils ne respectent pas leur cadre d’intervention et commettent des fautes graves.


Oui il faut une réponse politique à la révolte des quartiers populaires. Oui il faut encore plus de moyens pour entretenir le lien social, ciment de la cohésion sociale, car nous avons tous constaté que la mobilisation des acteurs associatifs a aussi contribué dans l’apaisement et au retour au calme. Oui il faut encore plus aider les associations qui font de l’encadrement éducatif, sportif et culturel dans nos quartiers populaires. Augmenter et pérenniser les moyens des associations de proximité qui connaissent mieux ces jeunes, leurs attentes et leurs besoins et qui peuvent être des médiateurs entre les forces de l'ordre et ces jeunes.

J’entends certains dire que la politique de la ville menée depuis 40 ans dans certains quartiers n’a servi à rien. On aura tout entendu… Heureusement qu’il y a eu cette politique publique pendant toutes ces années, sinon la situation aurait été dix fois pire. La politique de la ville sera nécessaire tant qu’il y aura autant d'inégalités sociales et territoriales et une telle concentration des difficultés socio-économiques dans les mêmes quartiers et tant que le droit commun sera inéquitablement mobilisé en défaveur des quartiers prioritaires. La réalité est que les moyens sont toujours insuffisants et mal répartis pour compenser les inégalités d'accès au droit commun. C’est seulement 0,2% du budget de l’Etat pour quasiment 10% de la population française. La logique est toujours au saupoudrage de ces moyens, via des appels à projets annuels. Cela ne permet pas aux collectivités et aux associations de monter des projets de long terme et donc susceptible de faire évoluer la situation durablement et de s'attaquer aux racines des maux des quartiers populaires.


Pour rappel
Les grands projets de rénovation urbaine de l’habitat et les équipements publics sont indispensables. Sans toutes ces dotations certaines collectivités comme la mienne seraient dans l’incapacité de porter des projets d’investissement ambitieux pour transformer nos villes et favoriser la mixité sociale.

Quand j'entends certains dire qu’il faudrait supprimer les allocations familiales des familles dont un jeune est impliqué dans les violences urbaines, je réponds qu’il faudrait au contraire les augmenter pour donner plus de moyens et de temps aux familles rencontrant des grandes difficultés financières et leur permettre ainsi de mieux suivre et accompagner leur enfant. Il s’agit de faire preuve de bon sens et non de démagogie politicienne.


Oui il nous faut plus de moyens pour apporter un accompagnement social de qualité aux les familles qui vivent en dessous du seuil de pauvreté et qui peinent à construire seules un projet de parentalité d’avenir pour leurs enfants.


Les familles d’une manière générale font le maximum pour éduquer correctement leurs enfants. Les enfants qui décrochent sont souvent issus de familles nombreuses dans une structure familiale monoparentale vivant sous le seuil de la pauvreté.


Ces parents vivant seule ou en couple ont besoin de plus de moyens pour mieux éduquer leurs enfants sans avoir à courir après plusieurs petits boulots pour joindre les deux bouts. Ils ont besoins de plus de temps de présence pour mieux encadrer leurs enfants qui évoluent dans un environnement hostile en proie à une socialisation par la rue.

Quand j’entends certains dire qu’il y a un lien entre les violences urbaines et l’immigration, je réponds que c’est une fois de plus insulter et rejeter tous ces jeunes qui sont des français à part entière.


Il n’y aura pas de réconciliation entre certains jeunes de nos quartiers populaires et l’institution judiciaire sans un rétablissement de la confiance en la justice. Quand nous entendons crier « pas de justice, pas de paix », nous ne devons pas considérer qu’il s’agit d’une déclaration de guerre, loin de là, nous devrions comprendre qu’il s’agit d’une demande de justice et de vérité donc une attente que justice soit rendu pour les victimes. Quand on demande justice, c’est parce qu’on y croit.


Nous pourrions accompagner les jeunes de nos quartiers à l’accès aux métiers du juridique et du maintien de l’ordre en créant des passerelles entre ces institutions et les collèges et lycées de nos quartiers populaires pour faire découvrir ces métiers et cela pourrait ainsi susciter des vocations.


J’appelle cette jeunesse désespérée, cette jeunesse éloignée de la République et de la politique à y croire et à porter des combats justes pour que plus jamais nous n’ayons à vivre de telles violences. Je les appelle à s’orienter vers les métiers judiciaires, pour améliorer nos institutions et la transformer.


Nous qui croyons encore aux valeurs de la République, nous appellerons encore à l’apaisement en exigeant toujours la justice et rien que la justice. Nous avons le discernement citoyen pour faire la part des choses entre l’institution et le comportement d'individus qui n’ont rien à faire dans la police. Il est tant que l’institution se débarrasse de ses scories si elle souhaite être respectée, considérée, regagner la confiance de tous nos concitoyens. Elle doit une bonne fois pour toute se débarrasser des policiers racistes, islamophobes, arabophobe ou négrophobes, et tous ceux qui sont inaptes à exercer cette fonction dans le respect des valeurs de la République.


Quand j’entends scander que « tout le monde déteste la police », cela me désole et m’inquiète. Nous ne pouvons pas laisser ces jeunes cultiver la haine de la police. Nous devons là où il y a l’injustice, rétablir la vérité, la justice et sanctionner les mauvais policiers. Nous devons rétablir de la proximité, du dialogue et non de la confrontation, de la crainte et du rapport de force permanent entre le peuple et les gardiens de la paix.

Il faut augmenter les moyens de la police, pour leur permettre de mieux se former, d'éviter les abus en étant que dans la répression et d'avoir le temps d'être aussi dans une logique d’écoute et de proximité.


Nous n’avons pas d’autre issue que de nous tourner vers la justice et non à la révolte et à la rébellion. Seule la justice peut réparer, panser, soigner, apaiser les colères et les haines. Elle seule peut réconcilier certains habitants de nos quartiers populaires avec nos institutions.


Nous n’avons pas d’autre alternative que de nous battre et de nous engager pour construire un destin commun. Nous devons rester optimiste et ne pas laisser nos convictions être ébranlées par ceux qui prônent la guerre civile. Nous n’avons pas d’autre chemin que de faire corps en cultivant le vrai vivre ensemble par une recherche permanente de la vérité, la justice, la liberté, la solidarité, la fraternité, la paix, l’amour et la non-violence et en exigeant tous la « justice pour Nahel » afin de susciter et d’espérer l’adhésion de tous aux valeurs de la République.


Dieunor Excellent Maire de Villetaneuse



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