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« Nous, élus locaux, sommes préoccupés par le manque de logements »

Entretien avec Mustapha MARROUCHI, Maire-Adjoint de la ville de Massy (91)


De quoi la crise du logement actuelle est-elle le nom ?


Le niveau des taux d’emprunt de ces derniers mois rend difficile l’accession à la propriété. On observe un taux de rotation qui ne cesse de décroître dans le logement social. En outre, certaines communes ont vu leur nombre d’attributions sur le parc social diminuer de 25%.


Véronique Bédague, PDG du groupe immobilier Nexity, déclarait, dans un entretien au « Monde » en date du 07 septembre dernier, qu’« il y a dans la sphère publique l’idée qu’en réalité nous n’avons pas besoin de logements, compte tenu des projections démographiques, du nombre de logements vacants et des résidences secondaires ». Partagez-vous ce constat ?


Que cette idée soit répandue dans la sphère publique œuvrant à l’échelle nationale, peut-être ; mais nous, élus locaux, sommes préoccupés par le manque de logements qui est l’une des plus grandes inquiétudes de nos administrés.


Nos administrés souhaitent pouvoir bénéficier de logement sociaux ou privés à des tarifs abordables. C’est pourquoi toutes les communes de proche banlieue des métropoles ont des projets de création de nouveaux quartiers et de renouvellement urbain. Seulement, nous avons besoin du soutien de l’État pour permettre la mise en place de ces projets. Nous voulons également créer de nouveaux pôles d’activités, de véritables lieux de vie en dehors des grandes métropoles pour répondre à une certaine tendance d’éloignement - à l’œuvre depuis la crise Covid.


La crise du logement contemporaine inquiète d’autant plus qu’elle semble pérenne et qu’elle rencontre un exécutif qui apparaît démuni. Comment y remédier ?


Je ne crois pas à la solution miracle. La loi de l’offre et de la demande a fait flamber les prix depuis plusieurs décennies avec des taux d’intérêt très bas. Aussi, grâce à ces taux, certains foyers ont pu suivre l’augmentation des prix ; acquérir des logements et libérer des logements sociaux. Selon moi, il n’est pas de remède qui vaille, si ce n’est à ce que notre économie rebondisse et redonne des perspectives à nos administrés.


Pour d’aucuns, le logement se veut la clef de voûte du contrat social. Cette affirmation est-elle abusive ?


Du logement découle tout le reste. Dès lors, il est de la première importance d’offrir à nos administrés des logements dignes et mixtes socialement.


Cette mixité sociale des logements se retrouvera, dans nos villes, dans les commerces, les écoles et, de façon plus générale, dans la vie de nos quartiers. Donc oui, le logement est la clef de voûte de notre contrat social – a fortiori dans les grandes métropoles urbaines où les principaux lieux de vie sont entourés de logements.


Aussi, de nombreux acteurs décrivent la crise du logement actuelle comme une bombe sociale à retardement. Qu’en pensez-vous ?


Certains acteurs doutent de la capacité d’adaptation de nos administrés. Je crois que nous sous-estimons la capacité de résilience de nos habitants et que la solidarité qui existe dans nos territoires dépassera cette crise.


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