Interview de Monsieur Loïc Hervé, Sénateur de Haute-Savoie
Le 9 décembre dernier, lors des questions d’actualités, vous avez interpellé le gouvernement quant à la fermeture des remontées mécaniques. En ce début d’année, les acteurs de la montagne semblent ne pas avoir été entendus… Qu’en pensez-vous ?
La fermeture des remontées mécaniques aura des conséquences économiques considérables, alors qu’elles ne sont pas à proprement parler des lieux de contamination. L'inquiétude demeure grande et les acteurs locaux sont maintenant dans l'expectative de la décision du 20 janvier prochain. Au moment où tout doit être pesé avec raison et objectivité, j’ai proposé que nous analysions comment les choses se sont passées pendant les vacances de Noël, en Suisse et en Autriche.
Vous êtes sénateur de Haute-Savoie, après avoir été pendant plusieurs années élu local, notamment maire de Marnaz. Comment percevez-vous le plan de relance pouvant bénéficier aux communes pour accélérer la relance des territoires ? Est-il suffisant ?
Depuis 4 ans, je suis le rapporteur des concours financiers de l’Etat aux collectivités territoriales lors de l’examen au Sénat de chaque projet de loi de finances. On peut dire que l’Etat a été au rendez-vous pendant la crise en apportant une compensation financière aux collectivités. Se pose maintenant la question de l’avenir quand on sait que celles-ci représentent 75 % des investissements civils. La relance se fera donc forcément par les investissements dans et par les territoires.
La transition écologique est au cœur de l’actualité gouvernementale. Emmanuel Macron affirme qu’aucun gouvernement n’a fait autant que le sien sur l’écologie. Partagez-vous ce sentiment ? Les arbitrages du gouvernement sont-ils les bons ?
Sur les principes, je suis assez en phase avec la parole du Président et du gouvernement. Mais la transition écologique est l’exemple type d’une politique publique qui ne peut pas être seulement imposée d’en haut. Retrouvons l’esprit du Grenelle de l'environnement de Jean-Louis Borloo qui faisait confiance aux acteurs de terrain en décentralisant au maximum à la fois la décision et sa mise en œuvre. J'attends beaucoup du texte « 4D » que porte Jacqueline Gourault pour que le domaine de l'environnement fasse vraiment partie de ce nouveau mouvement vers davantage de subsidiarité.
Certains critiquent la méthode utilisée et regrettent que la convention citoyenne sur le climat ait préempté un débat qui devrait être aussi celui des parlementaires et du monde économique ? Est-ce aussi votre sentiment ?
En démocratie, tout le monde a droit à la parole, c’est un principe. Mais en démocratie, une fois que le débat a eu lieu, la décision appartient aux élus et la loi s'écrit au parlement. C’est un principe tout aussi essentiel.
Tout n’est pas idiot dans les conclusions de la convention sur le climat, loin de là. Maintenant, aux élus de faire les choix et de hiérarchiser en confrontant chacune des mesures proposées aux réalités économiques et financières.
Vous êtes membre de la CNIL. Lors du débat sur le projet de loi de finances, vous avez déposé un amendement contre la possibilité pour le fisc et les douanes de collecter massivement l’ensemble des sources ouvertes en ligne. Quelle était votre crainte ?
La collecte massive (chalutage) de données personnelles sur les réseaux sociaux par l’administration fiscale, puis le recours à des algorithmes procèdent d’une logique que je combats. Je regrette que beaucoup de mes collègues regardent ailleurs dans cette période où la lutte pour la protection des libertés publiques doit rester au coeur des préoccupations du parlement qui a la mission de les défendre.
Vous êtes foncièrement attaché aux libertés publiques. Comment peut-on concilier les « lois d’exception sanitaire » avec nos grands principes démocratiques ?
Si la sécurité est une nécessité, la liberté est un horizon. De grandes libertés publiques ont été atteintes ces derniers mois et je ne remets pas en cause la plupart de ces décisions. Mais au moment où une vraie soif des Français de retrouver une vie normale se fait sentir, on ne peut conserver durablement dans notre droit des mesures qui restreignent nos libertés.
En ce début d’année 2021, quel message souhaitez-vous délivrer aux français ?
2021 ne peut pas être une année de pessimisme ou de résignation. 2021, qui sera encore marquée par l'épidémie et ses conséquences doit être une année de rebond. Le génie français et l'âme française peuvent produire le meilleur. J’y crois fermement.
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