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La transition écologique sera le fil rouge du prochain quinquennat


Interview de Jean-Charles COLAS-ROY, député dans la deuxième circonscription de l'Isère


Creative commons Wikipedia - Photo: Jean-Luc Hauser


Selon vous, le discours de Marseille marque-t-il une nouvelle impulsion dans l’ambition environnementale du Président de la République et de son projet ?


Oui. Le 16 avril dernier, à Marseille, le Président de la République a effectivement prononcé un discours fondateur en détaillant son ambition écologique et son projet environnemental pour les 5 ans à venir. Emmanuel MACRON a indiqué que les prochains mois et les prochaines années seront synonymes d’un “changement de paradigme politique, écologique et économique”.


Dans le contexte d’urgence écologique, je salue les annonces majeures faites par le Président de la République. Ces 5 dernières années, notre majorité a agi sans relâche pour conduire une transition écologique ambitieuse, juste et solidaire. Le prochain quinquennat partira donc sur des bases solides et la dynamique va s’accélérer pour amplifier encore nos efforts.


Sous le premier quinquennat du Président de la République, de grands projets anachroniques ont été stoppés : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la mine Montagne d’or en Guyane, le centre commercial géant Europacity. Nous avons également engagé la fermeture des dernières centrales à charbon de Métropole et, dès 2017 grâce à la loi hydrocarbures, la France est un des premiers pays au monde à avoir programmé la fin de l’exploration et de l’exploitation des énergies fossiles de son sous-sol.


Depuis 5 ans, nous avons entrepris des politiques de long-terme pour la transformation écologique du pays. Dans le transport, en donnant à la SNCF les moyens d’investir, en relançant le train de nuit ou encore en favorisant les mobilités douces et partagées. Dans le bâtiment, en ouvrant à tous les Français le dispositif « MaPrimeRénov’ » avec plus de 650 000 rénovations accompagnées en 2021. Dans l’alimentation et l’agriculture, en instaurant 50% de bio, local ou de qualité dans les cantines et en doublant les surfaces cultivées en agriculture biologique, faisant de la France, le pays européen le plus ambitieux en la matière.


Sur l’économie circulaire, en actant une trajectoire ambitieuse de fin des plastiques à usage unique et en ancrant, dans la loi, la stratégie « réduire, réutiliser, recycler ». Dans l’industrie de demain, par l’investissement et le soutien à l’innovation pour décarboner nos outils industriels et encourager la création d’emplois locaux et non délocalisables. Enfin, sur la biodiversité, en classant 30% de nos territoires terrestres et maritimes en aires protégées dont 10% en protection forte.

Le 6e rapport du GIEC, publié dans son intégralité début avril, nous rappelle l’urgence à accentuer ces changements, dans tous les secteurs, si nous souhaitons limiter l’augmentation de la température planétaire à 1,5°C voire 2°C. Cet objectif n’est pas négociable et ce deuxième quinquennat mettra tout en œuvre pour le respecter. Oui, les actions que nous avons menées durant 5 ans doivent donc être profondément amplifiées et les échéances réduites, pour accélérer la transformation et assurer la résilience de notre société. Le Président de la République, l’a indiqué : « la politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique, ou ne sera pas. ».



Alors que les scientifiques enjoignent les décideurs publics et privés à opérer des changements profonds, notamment pour lutter contre le réchauffement climatique et la disparition de la biodiversité, comment Emmanuel Macron compte-t-il agir face à l’urgence écologique ?


La transition écologique devra irriguer de façon centrale les orientations du prochain quinquennat, tant à l’échelle nationale que locale. Nous y parviendrons grâce à une méthode : la planification écologique. Une planification qui devra être déclinée secteur par secteur, territoire par territoire et au sein même du gouvernement. Dans son discours de Marseille, le Président de la République a justement annoncé que le prochain Premier ministre serait directement chargé de la planification écologique “parce que cela concerne tous les domaines, tous les secteurs, toutes les dépenses, tous les équipements, tous les investissements, bref toutes les politiques, ce n’est pas simplement une politique, c’est la politique des politiques. »


Chaque année sur ces 5 prochaines années, 10 milliards d’euros de financements publics supplémentaires seront consacrés à notre transition écologique. En prenant en compte les effets levier sur l’investissement para-public et privé, la France investira donc près 3 points de PIB à la transition. Investissements massifs et visibilité donnée à l’ensemble des acteurs grâce à une trajectoire pluriannuelle sont les clés d’un choc de confiance et d’engagement en faveur de la transition.


De nombreux chantiers rythmeront l’action du prochain quinquennat, pour :

Rendre cette transition inclusive : nous mettrons en œuvre avec la massification du service civique écologique, l’intégration d’un représentant de la jeunesse au sein du Haut Conseil pour le Climat, l’éducation au développement durable pour tous, depuis la maternelle jusqu’au lycée, et la sensibilisation de tous les étudiants du supérieur aux enjeux environnementaux.


Décarboner en profondeur le mix énergétique : nous commencerons à concrétiser, grâce à une loi d’exception la multiplication par 10 notre puissance solaire, l’installation de 50 parcs éoliens en mer, le renforcement de notre potentiel hydroélectrique, la relance du nucléaire de demain et, enfin, le développement de l’hydrogène décarboné, la complémentarité des énergies et les réseaux.


Opérer cette transition au niveau européen et international : nous massifierons notre action avec, notamment, la mise en place de la taxe carbone aux frontières, l’adoption de clauses miroirs dans les accords internationaux ou encore la lutte contre la déforestation importée.

Assurer l’exemplarité et l’homogénéité de la transition : nous mettrons en place la rémunération variable des dirigeants qui sera à la fois encadrée dans son montant au niveau européen et conditionnée à l’atteinte d’objectifs environnementaux.


Mettre en cohérence notre modèle économique avec les limites planétaires : nous développerons les filières françaises de l’économie circulaire (réemploi, réparation, recyclage), la prime au retour des vieux smartphones, tablettes et autres ordinateurs usagés ou encore la formation de 400 000 personnes aux métiers de la transition écologique. Nous souhaitons promouvoir des politiques de sobriété qui ne sont pas synonymes d’austérité, en passant d’une économie linéaire (extraire, produire, consommer, jeter) à une économie circulaire (extraire moins, produire mieux, consommer différemment, recycler efficacement).


Réussir notre transition agricole : nous couvrirons l’ensemble du territoire de Projets Alimentaires Territoriaux qui favorisent les circuits courts. Nous mettrons en place des contrats de transition agricole, filière par filière, pour atteindre les objectifs climatiques et environnementaux en embarquant tous les agriculteurs pour ne laisser personne sans solution.

Vivre mieux dans un environnement sain et préservé : nous mettrons l’accent sur la qualité de l’air extérieur et intérieur, l’amélioration de la qualité des eaux avec par exemple la dépollution de 50 grandes décharges qui dégradent aujourd’hui nos territoires, nos rivières et nos mers.


Cette transition écologique sera guidée par la justice sociale. Quand les experts appellent à une transition rapide pour limiter le bouleversement climatique et l’effondrement de la biodiversité, le rôle des responsables politiques sera de ne laisser personne sur le bord de la route. Pour réussir ce virage écologique, il sera nécessaire de le rendre désirable aux yeux de tous et de valoriser plus largement les réussites ou les comportements vertueux.


Quels sont les principaux défis du prochain quinquennat, notamment sur l’écologie ?


Dans ce contexte de crise écologique, le prochain quinquennat devra faire face à de nombreux défis. Comme l’ont rappelé les experts du GIEC, les choix sociétaux à faire sont connus et les solutions technologiques existent en grande partie. Les échéances pour respecter nos objectifs étant contraintes dans le temps, elles représentent un défi d’adaptation inédit pour nos institutions, nos entreprises et nos concitoyens.


L’accompagnement et l’adhésion de la population sur les changements à mener seront des enjeux majeurs pour mener à bien les réformes. La transition écologique sera le fil rouge du prochain quinquennat.

Pour ce faire, cette transition doit être une opportunité pour notre société de se constituer un nouvel imaginaire collectif autour d’une prospérité nouvelle : compétitivité écologique, leadership géopolitique, indépendance, santé environnementale, réindustrialisation et emplois locaux, renforcement du rapport à la Nature, gain en pouvoir d’achat, …


La réussite de cette transition passera aussi par l’entretien d’un canal d’échanges réguliers avec la société civile. De nombreuses innovations ont émergé sous le précédent quinquennat, comme la Convention Citoyenne pour le Climat qui a essaimé en donnant aujourd’hui des Conventions d’entreprises ou des Convention locales pour le Climat. Il sera important de tirer les leçons de ces expériences nouvelles et de renforcer les liens entre démocratie représentative, citoyens, acteurs économiques, syndicats et associations.


Enfin, l’anxiété écologique est un phénomène qui progresse chez les jeunes mais aussi chez tous nos concitoyens. Il sera important d’accuser-réception de cette inquiétude et de rassurer, grâce à des actions ambitieuses et concrètes en continuant d’être attentif aux plus vulnérables et de garantir que cette transition sera juste et sociale.


S’il est évident que la France doit œuvrer en priorité à respecter ses engagements en matière de réduction des émissions de GES au niveau national, elle devra continuer à jouer un rôle de premier plan, à l’échelle européenne et internationale. J’ai toute confiance en la capacité de leadership d’Emmanuel MACRON pour que l’engagement de la France et de tous les Français trouve un écho utile au-delà de nos frontières.


La transition écologique constitue un défi majeur à relever. Ensemble, par la mobilisation collective, faisons de ce défi une source de prospérité nouvelle et un motif de fierté nationale. Faisons de la France une grande Nation écologique !
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