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« L’échec ne nous réduit pas à nos origines »




Tribune de Driss Ettazaoui, Président de l’Association des élus de France (AEF) Vice-Président l’association Ville et banlieue, Vice-Président de l’agglomération Évreux Porte de Normandie


La déferlante raciste qui a suivi l’échec de l’équipe de France à la finale du mondial sur les réseaux sociaux doit nous interroger collectivement sur les forces obscures qui agitent la tentation identitaire. Les injures, par milliers, se sont abattues sur les joueurs d’origines africaines telle la foudre sur les racines d’un arbre.


Ce sont, une fois de plus, les convulsions de la maladie identitaire dont souffre, pour partie, notre pays. Encouragé par des médias dont la ligne éditoriale s’efforce volontairement de provoquer, sur notre sol, le face-à-face des civilisations, l’idéal républicain est mis à mal. Même le football, vecteur de fraternité et au centre de la ferveur populaire, se fait tacler par la « fachosphère » à la moindre faute.





Faut-il ici rappeler que nous ne sommes pas blancs ou noirs en fonction de nos réussites ou nos défaites ? Être victorieux ne fait pas de nous des citoyens pleins. De la même manière que l’échec ne nous réduit pas à nos origines. Nous ne sommes pas moins français en raison d’une couleur, d’une tradition ou d’une religion. Nous le sommes d’un commun accord. Parce que nous avons l’amour du pays chevillé au corps et que le pays a l’amour des siens. Sans réciprocité, point de flamme.


Combien de temps devrons-nous encore justifier, argumenter, défendre notre citoyenneté ? Combien de temps encore pour enfin être regardé et accepté sans suspicion… ?


Voir cette équipe conspuée est une douleur pour qui a soif de fraternité. La France bat d’un seul cœur, mais nous offre de multiples visages. Cette équipe est la nôtre. Nous respirons avec elle. Nous transpirons avec elle. Elle incarne l’ambition et la fierté nationale. Faire corps avec cette équipe, c’est faire corps dans la nation. Combien de temps encore… ?


Si cette question devait encore se poser avec autant d’acuité à l’avenir, le risque serait grand de voir ces enfants, rejetés au motif qu’ils n’ont pas la bonne couleur ou le bon prénom, sombrer eux-mêmes dans la défiance à l’égard du pays des Lumières. Faute de considération, c’est le désir d’aspiration que l’on étouffe.


Ce jour-là, les semeurs de haine et de division auront réussi leur vile besogne.


Aussi est-il important de mettre rapidement un terme à cette question : Combien de temps encore ... ?


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