Christophe Borgel, Brice Soccol et Renaud Prouveur ont réuni des élus, représentants des collectivités, et entreprises ayant à cœur le développement économique et social des territoires au Pavillon Elysée pour un dîner débat.
Voici une synthèse des échanges.
L’analyse de données pour décrypter les territoires
Ces dernières années ont fait émerger, comme jamais sous la Vème République, le fait territorial. Qu’il s’agisse de la crise des gilets jaunes, de la covid-19 ou de l’abstention, les territoires sont devenus un enjeu stratégique. Les élus locaux sont placés au cœur de l’action publique et on leur confère une responsabilité grandissante. De la même façon, cela donne un nouveau rôle aux entreprises qui doivent repenser leurs stratégies de développement.
Pour les élus comme les entrepreneurs, la clé de toute décision éclairée est l’analyse de données.
L’open data à elle seule permet d’appréhender les territoires et de challenger des projets structurants et des politiques publiques. Parce qu’elle permet de croiser les informations détenues par des structures complètement hermétiques, l’analyse de l’open data crée une interdépendance essentielle entre des dimensions économiques, sociales, environnementales et culturelles.
« Le fait territorial s'imposera demain par l'émergence de nouvelles pratiques et d'un cadre de confiance de partage de la donnée. En plus d'être d'intérêt général, la donnée doit devenir d'intérêt territorial. » Brice Soccol, Président de Public & Private Link
L’ambition de cette soirée était de démontrer la possibilité mais aussi la nécessité de partir des territoires pour décrypter les attentes de la population et les besoins locaux. La proposition consistait à faire confiance à l’analyse de données ouvertes. En effet, celle-ci offre une vision dynamique et comparative des territoires.
Il est important de préciser que, quelle que soit l’intelligence et la puissance du logiciel, les données doivent être préalablement fiabilisées et les indicateurs créés ne délivrent des informations que s’ils sont humainement interprétés.
Renaud Prouveur, PDG de SPALLIAN, a ainsi démontré qu’à partir de sources de données ouvertes exclusivement, il est possible de dresser un portrait fin et transversal de chaque territoire français. L’open data regorge d’informations stratégiques pour la définition de politiques de logement, d’attractivité, ou encore de mobilité, pour ne citer qu’elles.
Démonstration sur la question du logement :
Plus de 3,2 millions de logements sont vacants en France. L’Île-de-France, à elle seule, en compte 400 000. Comment appréhender la situation dans une commune ? Quels sont les leviers d’actions ? Quelles sont les carences spécifiques au territoire ?
L’analyse de données ouvertes par différentes institutions offre une vision transversale du marché du logement à différentes échelles territoriales.
Ont suivi des démonstrations sur les thèmes de la dépendance liée à l’âge et l’industrialisation.
Focus sur l’abstention
En perspective des prochaines échéances électorales, des réflexions ont été menées sur la territorialisation de l’abstention.
La cartographie du taux d’abstention de chaque commune française entraine deux observations. Non seulement une accentuation flagrante de l’abstention, mais surtout une persistance des territoires les plus abstentionnistes depuis au moins une décennie.
Certains départements font partie des plus abstentionnistes à toutes les élections locales : Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val d’Oise.
Afin d’expliquer ces phénomènes, des cartes représentant la part des jeunes et la part des 65 ans et plus ont été comparées à celle de l’abstention.
Le verdict est sans appel, les communes les plus jeunes sont celles qui détiennent des taux de participation peu élevés. Et, au contraire, les communes présentant une part importante de seniors sont celles où le taux d’abstention est relativement faible.
Enfin, l’étude du taux d’abstention moyen lors des 10 derniers scrutins français a permis de mettre en lumière des disparités entre les communes selon leur nombre d’habitants.
Toutes les communes comptant plus de 10 000 habitants affichent un taux d’abstention moyen à peu près équivalent. Pour tous les scrutins étudiés, ceux des communes de moins de 10 000 habitants y étaient bien inférieurs.
Analyse des taux d’abstention moyens pour les élections municipales de 2014
Communes de plus de 100 000 habitants | 46,02% |
Communes entre 50 000 et 100 000 habitants | 45,12% |
Communes entre 30 000 et 50 000 habitants | 43,72% |
Communes entre 10 000 et 30 000 habitants | 40,19% |
Communes de moins de 10 000 habitants | 25,59% |
On observe la même tendance pour les élections municipales de 2014 et pour les élections législatives de 2017 (ci-dessous) et pour tous les autres scrutins étudiés.
Communes de plus de 100 000 habitants | 57,18% |
Communes entre 50 000 et 100 000 habitants | 58,69% |
Communes entre 30 000 et 50 000 habitants | 57,63% |
Communes entre 10 000 et 30 000 habitants | 56,15% |
Communes de moins de 10 000 habitants | 47,61% |
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