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Une femme à la barre

Entretien avec Agathe Diaconu, Présidente de 7 FASHION,

par Yves Jego, Fondateur de la certification Origine France Garantie


L’histoire de 7FASHION commence en mars 2014, avec le père d’Agathe Diaconu, qui a entendu à la radio un appel à l’aide des employés de l’entreprise Lejaby à Bourg-en-Bresse à la recherche d’un repreneur. Les femmes de cet atelier voulaient garder leur emploi et préserver un savoir-faire acquis de longue date.


Ayant repris l’atelier, l’entrepreneur y installa sa fille Agathe pour s’occuper au départ de la communication. En 2016, 7FASHION décide de développer l’activité de sous-traitance qui représente aujourd’hui 100% de son activité. Actuellement, l’atelier fabrique pour une quinzaine de marques dont elle assure aussi toute la partie recherche et développement et prototypage. Agathe – 32 ans – pilote le navire qui produit plusieurs centaines de milliers de pièces par an.


Venant de la communication, n’ayant pas l’expertise de ce métier et étant la plus jeune de l’atelier comment avez-vous été accueillie et comment avez-vous appris à manager?


Il faut faire preuve d’une grande humilité, passer beaucoup de temps dans les ateliers et s’intéresser à tout.


Pour gagner en légitimité au près du personnel, il a fallu assurer l’essentiel c’est-à-dire garder le carnet de commandes rempli en apportant sans cesse de nouveaux clients. Enfin, il a fallu aussi tout simplement laisser le temps au temps.


Quelle a été votre plus grande difficulté dans cette prise en main de l’entreprise ?


Le facteur humain est primordial. Un atelier, comme celui de 7FASHION, c’est une équipe. Un peu comme au foot, le coach doit à la fois diriger et comprendre la place et la psychologie de chacun. J’ai une équipe formidable, mais je sais combien je dois être attentive au bien-être de chacun pour que la magie du collectif opère.


Comment avez-vous réussi à approcher une nouvelle clientèle pour faire repartir l’activité de l’entreprise ?


Pour pallier, l’urgence nous avons formé du personnel et monté un bureau d’étude.

En parallèle, grâce à la participation à nos premiers salons, soit spécifiques à la fabrication française comme le salon « première vision », soit spécifiques au secteur comme le salon de la lingerie, l’entreprise a gagné en visibilité. Nous avons commencé par des petits clients qui, pour certains, ont grandi avec nous.


Le bouche à oreille a beaucoup fonctionné dans leur cas. Une jolie réputation s’est mise en place dans le secteur. Ainsi, au fur et à mesure, nous n’avions plus besoin d’approcher les clients. Ils venaient d’eux même.


Quels conseils pouvez-vous donner à des jeunes entrepreneurs qui voudraient se lancer dans l’aventure du textile Made in France ?


Je suis régulièrement approchée par de jeunes entrepreneurs désireux de se lancer dans l’aventure du Made in France. Je prends le temps d’écouter leur projet, d’expliquer les process en étant le plus pédagogue possible. Je suis persuadée que pour voir une nouvelle génération d’entrepreneurs Made in France arriver, l’ancienne génération doit les accueillir, les accompagner et partager leurs expériences.


Mon message à ceux qui veulent créer est qu’il ne faut pas manquer d’audace et de détermination pour pousser les portes des ateliers parfois réticents à accueillir de nouveaux clients.


Avez-vous des difficultés à recruter des couturières ?


Fut un temps, l’entreprise a eu des difficultés à recruter. Pour pallier ce problème, l’entreprise s’appuie tout d’abord sur le recrutement des jeunes en sortie d’écoles. L’atelier intègre désormais des personnes ayant connu le milieu de la couture ou de la production.


Cependant, ces personnes nécessitent un temps de formation important en interne. Certains savent déjà coudre, mais savoir coudre est une chose, coudre de la lingerie en est une autre et coudre en série encore une autre. Nous sommes aussi accompagnés par Pôle Emploi et la Région pour créer un sas de formation de 4 mois en interne qui est dispensé par GRETA Lyon. Au terme de la formation, les élèves se voient décerner une certification et pour les meilleurs d’entre eux, 7FASHION offre un CDI. Ainsi pour résumé, le recrutement est difficile, mais il existe des solutions.

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