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C’est ici le cœur du “job” de Maire : être gardien des équilibres

Interview de Christophe Béchu, Maire d'Angers

C. Béchu © Thierry Bonnet - Ville d'Angers


Angers est devenue une des villes les plus attractive de France. Une économie dynamique un nouveau quartier d’affaires, de nouvelles mobilités, de nouveaux équipements publics, une ville étudiante, une offre culturelle diversifiée…est-ce cela la réussite de l’attractivité, finalement la réussite d’une politique publique volontariste  ?

L’attractivité n’est pas une fin en soi. La course au gigantisme n’est pas la nôtre. Avec mon équipe nous travaillons à attirer de nouveaux talents, de nouvelles implantations économiques, de nouvelles populations sur Angers tout en préservant la qualité de ville qui fait la renommée de notre territoire. C’est la recherche perpétuelle d’un équilibre fragile. Mais c’est ici le cœur du “job” de Maire : être gardien des équilibres.

Vous êtes un maire très soucieux de l’aménagement du territoire, d’un espace public partagé et apaisé. Quels sont les leviers qui permettent à un maire aujourd’hui de faire vivre dans un même espace public des citoyens dont l’origine sociale, culturelle, professionnelle...est si différente  ?

C’est ici encore cette notion d’équilibre qui nous guide. Nous menons aujourd’hui deux opérations ambitieuses de renouvellement urbain, mobilisant 500 millions d’euros d’argent public. La question de la reconquête de l’espace public est au cœur de ces opérations. Reconquête par tous les habitants, par tous les âges, par les femmes évidemment.

A équidistance de ces deux opérations de renouvellement urbain nous travaillons à la rénovation de deux places d’entrée de ville et des abords de notre château. La question du partage de l’espace public entre les piétons et automobilistes, entre les touristes, les riverains et les commerçants, par exemple, anime la concertation que nous conduisons.


La concertation sur les projets d’aménagements permet d’atteindre des objectifs partagés, c’est une des conditions de la réussite de ces projets.

Reprenant l’objectif de "zéro artificialisation nette" (ZAN), inscrit en 2018 par Nicolas Hulot dans le plan biodiversité, la loi “climat et résilience“ du 22 août 2021 fixe les conditions de sa mise en application. Comment un maire va-t-il concilier désormais la sobriété foncière avec l’aménagement urbain  ?

Un des enjeux est de travailler sur les friches. Il faut repenser l’usage de terres déjà artificialisées. C’est la première dynamique.


La seconde est de se poser la question de l’usage des m2 que nous créons. Le terme "savant" est chronotopie. Il s'agit ici d'optimiser l'usage temporel des lieux. Ainsi lorsque l'on livre par exemple un centre de loisirs qui fonctionne le mercredi et pendant les vacances, nous devons nous interroger sur l'usage de ce lieu sur les autres plages horaires qui sont majoritaires. Voici pour moi une piste de réflexion sérieuse pour conjuguer le développement urbain et le ZAN.

Avec le plan de relance, il n’y a jamais eu autant d’argent public disponible… Malgré la crainte d’une forte baisse de la CVAE sans réelle compensation, pensez-vous que les collectivités locales doivent aujourd’hui investir  ?

Les collectivités locales sont les principaux acteurs de l'investissement public. La Covid a pu ralentir le rythme des investissements qui s'inscrivent habituellement et logiquement dans le prolongement des cycles électoraux locaux, mais les collectivités sont au rendez-vous du plan de relance.

De nombreux élus parlent aujourd’hui de la nécessité d’avoir « une République décentralisée ». Partagez-vous ce désir d’une plus grande culture de la négociation et de la contractualisation entre l’État et les collectivités locales  ?

La crise sanitaire a mis en valeur un couple maire - préfet moteur pour la mise en œuvre sur le terrain des orientations nationales. De cette crise nous devrons tirer toutes les conséquences y compris sur notre schéma d'organisation des collectivités. Force est de constater que la souplesse, la dextérité, la réactivité des collectivités locales ont été autant d'atouts pour agir face à cette épidémie et pour combler les carences d'une organisation trop centralisée.


Une nouvelle étape d'expérimentation, décentralisation est donc légitimement attendue.


Entre la République en Marche et les Républicains, de nombreux responsables politiques perçoivent un espace politique. Vous-même, vous avez fondé en 2019 la République des Maires. Vous inscrivez-vous aujourd’hui pleinement dans la démarche de l’ancien premier ministre Édouard Philippe  ?


La création d'Horizons est une bonne nouvelle pour le débat public, pour la majorité et pour de nombreux élus qui, comme moi, ne trouvaient plus dans le paysage politique une famille d'idées correspondant à leurs valeurs de droite et du centre.


J'ai accepté avec enthousiasme et détermination la fonction de secrétaire général proposée par Edouard Philippe.


Comment percevez-vous le débat entre les différents candidats (déclarés ou pas) à l’élection présidentielle ? Avez-vous le sentiment que les français aspirent à plus de simplification dans le message politique où bien qu’ils désirent s’inscrire dans un nouveau récit collectif  ?

L'élection présidentielle est celle qui donne le tempo de la vie politique en France. C'est celle qui mobilise le plus les Français. Après un cycle électoral marqué par l'épidémie et par une hausse de l'abstention, le premier enjeu est de retrouver le chemin du débat et de la participation des Français.


C'est à cela que nous devons nous atteler collectivement.

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