Entretien avec : Marie-Françoise FUCHS, Présidente d’honneur, fondatrice et Martine GRUERE, Vice-présidente, Association OLD’UP
Entretien conduit par Gabrielle Halpern, Philosophe
Pourriez-vous nous raconter la genèse de l’Association OLD’UP ? Quelles sont vos actions et que mettez-vous en œuvre pour faire entendre votre voix ?
L’association OLD’UP est née fin 2007, son assemblée constituante s’est tenue avec 6 membres, anciens de l’EGPE (Ecole des Grands Parents Européens) et du Professeur Tubiana et a été déclarée au JO en février 2008. Cette nouvelle association est issue de la tenue en mars 2007 d’un colloque de deux jours à la Salle Laroque du Ministère de la Santé, organisée par l’EGPE, dont le titre « Vieillir et devenir » étudiait précisément les transformations au tournant des « 75 ans » (autour de cet âge), tournant de la vie, des buts, des transformations du quotidien et des rapports familiaux … L’association se propose alors,d’être une instance, qui représente la « deuxième étape de la retraite, » par les vieux eux-mêmes, pour les vieux et avec les vieux.
Il faut noter en particulier le souhait d’adjoindre une instance de « recherche » : le Comité Scientifique et un Comité de parrainage qui appuient la démarche et compte des personnalités éminentes du secteur du vieillissement. Une annonce de ce nouveau mouvement paraît dans la presse et obtient un appui médiatique assez substantiel. Une de nos actions : organiser l’apprentissage de la prise de billets de train sur les machines SNCF a été filmée par les 5 grandes chaînes dont Canal + ! Une autre action porte sur « le numérique au quotidien », afin d’initier les « vieux » au langage de communication actuel, etc… Nous avons très vite été invités à parler de notre action et de nos idées dans de nombreux colloques à Paris et en région. Le « vieillissement » devient un phénomène collectif majeur de notre époque.
Nos devises sont :
1 - « Plus si jeunes, mais pas si vieux »
2 – Donner du sens et de l’utilité à l’allongement de la vie
3 – Plus récemment : « OLD’UP est un lieu de pensée plutôt que de pouvoir. C’est sa force »
L’association OLD’UP est un réseau de réflexion, d’échange, d’action et de recherche. Nous proposons des groupes de paroles, des ateliers d’expression ou à thèmes. Ils sont centrés sur soi ou s’ouvrent au monde. Nous lançons des enquêtes – actuellement « Quel cadre de vie pour mes vieux jours ? » - et des expérimentations – « Elderly : comment favoriser l’expression des plus âgés ? ». Et nous communiquons le plus possible par notre Site internet, notre Newsletter, notre chaîne YouTube, nos publications, nos réponses positives aux médias ou dans le cadre de partenariats, de colloques… Nous encourageons les échanges, les relations vitales pour tous et nous « témoignons ».
Pourquoi notre société est-elle aussi gênée face à la vieillesse ? Comment expliquez-vous que nous avons de plus en plus de mal à accepter la vieillesse ?
MFF : Je pense que les aspects « négatifs » du vieillissement au plan physique, mental ou même comportemental ont progressivement envahi le champ du regard et du jugement. Une grande crainte de ce risque de perte de contrôle de soi, d’incapacités invalidantes, et les dénonciations d’abus divers commis par les lieux d’accueil n’apportent que des raisons de s’effarer à l’approche de ce temps nouveau de la « dépendance éventuelle ». Les médias ne voient et ne dénoncent ce temps que sous les angles les pires. Tout cela constitue des éléments forts de la réticence à s’approcher avec plaisir ou intérêt de ces personnes disgraciées, devenues agressives dans leur malheur, etc…
On qualifie souvent le repli des vieux – parfois dû à la peur d’être abusé, à l’incapacité à se défendre - de personnes devenues acariâtres, radoteuses et inintéressantes.
Vieux et futurs vieux, nous avons tous à travailler, afin de croître dans le sens des « idéaux fondamentaux » et devenir aux yeux de tous les « sages vieux grands-parents » dont nous rêvons. Changer nos attitudes, changer l’image du vieillissement, l’apprivoiser, le valoriser, l’inventer…
Votre association réfléchit à la manière de « donner du sens à l’allongement de la vie », quelle est votre vision de la vieillesse ?
MFF : Une vieillesse qui découvre chaque jour des aspects nouveaux de soi, des autres et du monde, qui a le temps de se l’approprier et d’en faire un nouveau et significatif chemin vers l’accomplissement de sa vie.
MGR : « Donner du sens à l’allongement de la vie », c‘est trouver sa place parmi les autres et dans la société. S’y sentir utile et reconnu. Nous avons plus besoin de considération que de compassion. Ma vision de la vieillesse ? Des hauts et des bas, des moments merveilleux, des découvertes, des plaisirs partagés et d’autres moments plus difficiles à surmonter… mais surmontables ? Des moments où la solitude est appréciée, le plaisir de contempler, d’être dans le beau, le silence…
Quel est selon vous le rôle des personnes âgées dans notre société ?
MGR : notre Société accorde le primat à la jeunesse, à la production économique et avance en recourant aux nouvelles technologies, à la robotique…Du fait de nos âges, de nos passés, nous incarnons un autre monde, peut-être d’autres valeurs. Idéalement jeunesse et vieillesse sont très complémentaires. A nous de favoriser cette reconnaissance réciproque
MGR : Nous avons la grande chance de disposer de temps, de nos pensions et pour la majorité d’entre nous malgré la multiplication des handicaps, d’une santé suffisante pour bouger, s’intéresser, partager, aimer la vie. Nous sommes libres. Nous pouvons accueillir, écouter (les besoins sont importants) et nous associer aux réflexions, nous engager dans la société pour faire avancer les causes qui nous paraissent importantes. Pour moi par exemple, rappeler que « Le vieux est une personne », quel que soit son âge et son état…
Découvrir l’association Old’up : https://www.oldup.fr