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A la recherche de l’énergie perdue…



par Gabrielle Halpern, auteur et philosophe



Le mot « énergie » est devenu omniprésent ! Avec sa cascade de déclinaisons et de qualificatifs : énergétique, énergivore, renouvelable, nucléaire, propre, durable, verte, solaire, éolienne… Dans ce genre de contexte, il est toujours passionnant d’aller creuser de près l’histoire de ce mot, son étymologie et ses premières apparitions. Selon le Centre national des Ressources Textuelles et Lexicales, le mot « énergie » serait apparu vers 1500 et signifiait à ce moment-là « puissance d’action, efficacité, pouvoir ». Pour poursuivre l’histoire de l’évolution de ce mot, en 1790, « énergie » signifiait au sens figuré « force, ferme dans l’action, détermination ».


Il y a une forme d’ironie à se trouver aujourd’hui en manque d’énergie, comme si cela était le reflet de notre manque de force, de notre manque de fermeté dans l’action, de notre manque de détermination.


Tout se passe comme si le manque de gaz et d’électricité était un miroir de notre sentiment d’impuissance. Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, inégalités grandissantes, sans parler de toutes les injonctions contradictoires qui nous paralysent comme l’âne de Buridan.

Il est cependant frappant de constater qu’à notre sentiment d’impuissance correspond un désir puéril de magie, de sauveur, d’être surnaturel, de bon génie qui viendrait nous apporter LA solution et nous arracherait à notre situation dramatique. Si nos ancêtres les Grecs dans l’Antiquité avaient incarné ce désir dans la figure du « deus ex-machina », rappelons néanmoins que ce personnage était un personnage… de théâtre !


Dans ce contexte de pénurie d’énergie, certains attendent tout de l’État, d’autres attendent tout de l’Europe, certains attendent tout de leurs voisins qui devraient faire plus d’efforts pour éteindre leurs lumières, d’autres attendent tout des entreprises…


Mais ces « sauveurs » dont on attend tout et même l’impossible, ont tôt fait de se transformer en boucs émissaires ; responsables de tout, parce que « sauveurs » !

Et si notre sentiment d’impuissance, et si notre manque d’énergie, venait tout simplement de notre incapacité à assumer individuellement nos responsabilités ? Il n’y a pas de sauveur, il n’y a pas de deus ex-machina, il y a lui, et elle, et celui-ci et celui-là et celle-ci et celle-là, qui sortent de leur paralysie et qui agissent. L’éthique de l’énergie consiste à ne pas attendre des autres qu’ils nous mettent en branle, mais à assumer la responsabilité de l’action. Si chacun d’entre nous ne devient pas un sauveur, alors chacun sera le bouc émissaire de l’autre.


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