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Faire un lieu de rencontre et de partage, au cœur du Département le plus jeune de France


Questions à Joachim Pflieger, Directeur de la Fondation Fiminco


Il y a un an, sur une ancienne friche industrielle dans l’est parisien, vous avez ouvert la fondation Fiminco, un lieu pluridisciplinaire consacré à la création contemporaine. Pouvez-vous nous décrire l’ensemble des activités de ce tiers lieu dédié à la création et la culture ?


La Fondation Fiminco, c’est d’abord une résidence dédiée à des artistes plasticiens. Français et étrangers, photographes, peintres, vidéastes, dessinateurs, sculpteurs, artistes de l’installation et de la performance séjournent et travaillent au sein des espaces que la Fondation Fiminco met à leur disposition, sur le site des anciens laboratoires de Roussel-Uclaf à Romainville (Seine-Saint-Denis) transformés aujourd’hui en véritable quartier culturel.


La question que nous avons voulu poser avec Gérald Azancot, Président de la Fondation Fiminco, était de savoir comment nous pouvions créer un écosystème pour les artistes, d’abord du champ des arts plastiques, puis demain du design, de l’artisanat d’art ou encore du spectacle vivant. Cet écosystème s’est construit par des rencontres, et réunit aujourd’hui des institutions publiques comme le Fonds Régional d’Art Contemporain d’Ile-de-France, une école internationale comme la Parsons Paris, des galeries d’art, des artisans d’art comme les imprimeurs Après-Midi Lab ou l’artisan du livre Laurel Parker.



L’implantation de la Fondation Fiminco à Romainville en Seine Saint-Denis, comme l’arrivée de nombreux sièges sociaux d’entreprises, d’écoles internationales, et plus récemment, du Conseil régional d’Ile-de-France, démontrent la richesse de ce territoire. Quelles initiatives avez-vous prises renforçant le maillage de ce territoire ?


Dès le départ du projet, nous voulions éviter les logiques de « l’entre-soi » qui conviennent si peu à la richesse de la création et la diversité des cultures. La Fondation s’est alors pensée en écho aux logiques d’ouverture au territoire : le long du canal de l’Ourcq dont nous sommes voisins, la culture est depuis plusieurs années un axe fort de développement. Nous y avons noué des liens avec des structures comme la Villette, le Centre National de la Danse, le Centre National des Arts Plastiques qui s’installera à Pantin dans quelques années, ou encore la Galerie de Noisy-le-Sec.


La Fondation est également un lieu ouvert à toutes et tous. L’exposition sur la création en Corée du Sud qui a ouvert l’espace de la Chaufferie à la fin de cet été - dans l’ancienne centrale thermique du site - était gratuite, et a permis de rassembler plus de 10.000 personnes en quelques semaines seulement. Nous avons travaillé avec des associations locales d’excellence comme l’Art en Partage, qui emmènent des adolescents romainvillois à la découverte de lieux d’art, ou encore l’ascenseur social Article 1. Cet été, nous avons aussi conclu des conventions d’éducation artistique et culturelle avec le Département de Seine-Saint-Denis et le territoire d’Est Ensemble. L’enjeu majeur de ce nouveau quartier culturel est d’en faire un lieu de rencontre et de partage, au cœur du Département le plus jeune de France ! Nous lancerons prochainement plusieurs initiatives à destination des personnes en situation de handicap, car cela représente là aussi un enjeu essentiel pour construire un Grand Paris plus solidaire et plus inclusif.




Vous avez créé « La résidence » de la Fondation Fiminco, dont le but est d’offrir aux artistes un accompagnement technique et artistique. Pouvez-vous nous décrire son fonctionnement ?


La résidence d’artistes fonctionne comme un incubateur pour des artistes émergents qui vivent de leur création. Pour cette première édition 2020-2021, nous accueillons 18 artistes internationaux, issus de 12 pays différents, avec une majorité de femmes artistes. Nous accompagnons également en résidence une commissaire d’exposition.


Ils ont tous accès à des logements sur le site, à des espaces de travail partagés, et à quelques ateliers très équipés, notamment via le pôle d’impression parmi les mieux dotés d’Ile-de-France comprenant un atelier graphique, un atelier complet de sérigraphie, et un atelier de gravure réunissant un espace d’encrage et une très grande presse mécanique. Un espace de post-production vidéo, des ateliers de construction et de photographie viennent compléter ces équipements. L’équipe de la Fondation apporte aux artistes tout au long de l’année qu’ils passent en résidence, un accompagnement artistique, technique, administratif, et nous travaillons avec chacun d’entre eux à rendre visible leurs travaux : visites d’ateliers, rencontres avec des professionnels, projets d’expositions, de publications, mise en contact avec des artisans, ateliers avec le jeune public.


La Fondation Fiminco n’a aucune collection d’œuvres d’art, et ne demande aucune contrepartie aux artistes. En revanche, nous mettons tout en œuvre pour que ces quelques mois à Romainville soient un accélérateur de projets, de contacts, et de rencontres !


Ce site de 11000 m2 se veut être le nouveau pôle d’art contemporain du Grand Paris. Comment attirer d’autres parties prenantes dans cette aventure ?


Aujourd’hui, nous nous sommes très investis dans l’extension de ce pôle, bien au-delà de la première phase, en amenant progressivement le quartier culturel à une surface totale de 40.000 mètres carré, ce qui va en faire, par sa taille et la diversité des structures et des artistes présents, l’un des plus grands quartiers culturels d’Europe.


D’ores et déjà, des galeries d’art, des artisans d’art, et l’agence d’art urbain Quai36 feront leur entrée sur le site en 2021. Nous installons également les studios de répétition et de création de la chorégraphe Blanca Li et de sa compagnie. Les artistes et les acteurs de la culture sont très sensibles à cette logique de rassemblement et de rencontre. Les nouveaux arrivants y apportent de nouvelles expertises, des techniques de création différentes, et une ouverture sur le monde.


Comme nous l’avons fait avec le centre d’art coréen Art Sonje pour la première exposition dans la Chaufferie en septembre, nous allons multiplier les partenariats avec des centres d’art en France et à l’étranger, car la force de ce projet réside aussi dans le lien qui peut réunir le local et l’international. Nous sommes soutenus aujourd’hui par des centres culturels étrangers comme le Goethe Institut, ou bien le Mondriaan Fund aux Pays-Bas qui voient dans la logique de résidence et de quartier culturel un futur possible de la création contemporaine. Nous essayerons également d’accueillir des projets d’exposition en résidence qui viendront d’autres continents que l’Europe.


Quelles sont les initiatives que vous allez prendre dans les mois à venir, afin de développer ce formidable écosystème culturel ?


Les différentes phases de confinement nous obligent à adapter notre stratégie de rencontres avec les publics, et notamment à l’occasion des expositions. Nous travaillons à plusieurs accueils d’exposition pour les premiers mois de l’année 2021, pour redonner tout de suite un souffle à ce quartier de plus en plus visible. Les visiteurs ont besoin de retrouver des lieux incarnés, hospitaliers, des lieux de découverte.


L’inauguration du nouvel espace du FRAC Ile-de-France à Romainville, le « FRAC Les Réserves », va être vraisemblablement reprogrammé pour début 2021 ; une belle occasion de se réjouir de l’arrivée d’un acteur majeur de l’art contemporain à Romainville, qui ouvrira ses portes à tous, aux jeunes et aux familles.


Ensuite, les artistes en résidence prépareront plusieurs nouvelles œuvres pour une exposition en avril, la commissaire d’expositions en résidence Anabelle Lacroix est en train de concevoir tout un programme sur la nuit et l’insomnie (œuvres d’art, vidéo, œuvres sonores) pour le mois de mai.


Parallèlement, nous organisons aussi d’autres manières de faire connaitre le projet. Fin novembre, nous avons organisé une présentation en ligne de la Fondation, en présentant l’histoire du site industriel, et les grandes étapes du projet culturel. Nous allons également proposer aux artistes des visites en ligne de leurs ateliers. Nous restons très présents sur les réseaux sociaux de la Fondation !

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