
Entretien avec Madame Stéphanie Guiraud-Chaumeil, Maire d’Albi et présidente de la communauté d'agglomération de l'Albigeois
Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours ?
C’est un parcours on ne peut plus ordinaire d’une élue locale à laquelle un maire, Philippe Bonnecarrère, a fait confiance en 2008 en lui confiant des délégations importantes pendant un mandat avant de se présenter elle-même, et avec son soutien, comme tête de liste aux élections municipales de 2014. Juriste de formation, conseil en propriété industrielle, j’ai très vite compris l’importance du travail en réseau pour un partage d’expériences mutuellement avantageux entre élus, au plus près du terrain et dans l’exercice des responsabilités. En 2017, les maires de la communauté d’agglomération du Grand Albigeois m’élisent à leur tour comme Présidente avant que mes concitoyens ne me renouvellent leur confiance en 2020 en me réélisant Maire d’Albi. Particulièrement investie dans de nombreuses associations d’élus locaux et au sein de conseils d’administrations tels que ceux de l’association des Biens français inscrits au patrimoine mondial ou du CEREMA par exemples, je considère que ce travail de partage et d’influence est d’autant plus important depuis l’interdiction de tout cumul d’un mandat de maire et de député. Parmi les différents mandats que j’exerce en tant que maire avec un intérêt particulier, je citerai volontiers celui de Présidente du conseil de surveillance de l’Hôpital et celui de Présidente du conseil d’administration du musée Toulouse-Lautrec.
Maire d'Albi depuis 2014, vous avez été réélue en 2020. Cette année vous avez arrêté plusieurs priorités pour la seconde partie de votre mandat en insistant notamment sur l'environnement et la construction d'une "ville durable". Pouvez-vous nous en dire davantage ? En quoi consistent les initiatives de végétalisation de la ville et de préservation de ses ressources ?
L’engagement résolu en faveur de la ville durable n’est pas une option, c’est un impératif. C’est pourquoi, Albi et son agglomération inscrivent leur développement dans la transition écologique. En effet, face aux dérèglements climatiques, nous devons bâtir un territoire résilient, capable d’anticiper et de s’adapter. Cela nécessite une coordination étroite entre la ville et l’agglomération afin de garantir la cohérence des actions à l’échelle du territoire. Travailler ensemble permet d’optimiser les ressources, mutualiser les projets structurants et offrir des services accessibles à tous les citoyens. Au niveau de la ville, nous développons une stratégie foncière qui vise à préserver les espaces naturels avec l’acquisition d’espaces boisés et agricoles importants. La renaturation d’espaces artificialisés et la prise en compte de la biodiversité dans les opérations d’aménagements publics participent également de ces démarches. La rénovation des bâtiments publics, la désimperméabilisation et la végétalisation des cours de nos écoles en sont de parfaits exemples.
Autre exemple, la réalisation d'une centrale photovoltaïque conjuguant enjeux écologiques et urbanistiques dans le cadre de la requalification du secteur de Pélissier, sur et autour du site d’une ancienne centrale thermique au charbon. L’écoprojet de Pelissier, associé à la centrale solaire devrait aboutir à moyen terme à la création d'un nouveau quartier attractif et ambitieux à l'attention notamment des familles et des jeunes actifs, avec une urbanisation et un environnement paysager de qualité. Une attention particulière sera apportée à la dimension environnementale avec en particulier la mise en oeuvre d'un urbanisme favorable à la santé tel que défini par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La Ville d'Albi veillera ainsi à maximiser les bénéfices de l'aménagement durable au profit de la santé des habitants avec, par exemple, la création d'un nouveau parc urbain (propice aux pratiques sportives, offrant un îlot de fraîcheur et préservant la biodiversité); la promotion des mobilités actives; la réalisation de logements respectant des objectifs de performance énergétique élevés ... On pourrait aussi évoquer les dispositifs mis en œuvre pour une utilisation raisonnée de l’eau via l’arrosage des espaces et équipements publics, la poursuite du Projet Alimentaire Territorial qui regroupe une vingtaine de mesures autour du développement des circuits-courts, de l’éducation à l’alimentation, de la structuration de filières agricoles ou encore de l’économie circulaire.
Vous avez récemment dévoilé les projets lauréats du Budget Participatif 2024 de la ville d'Albi. En quoi consistent aujourd'hui les initiatives de "démocratie active" au sein de la ville ? Dans quelle mesure le Conseil consultatif albigeois est-il aujourd'hui un modèle de participation citoyenne ?
Même si la démocratie représentative est le premier fondement de la participation citoyenne, la Ville d’Albi a placé le sujet de la démocratie participative et du dialogue citoyen au centre de son action. Dans ce contexte, nous avons souhaité mettre en œuvre un budget participatif pour permettre aux Albigeois de faire connaître leurs idées et de décider de l’affectation d’une partie du budget d’investissement de la collectivité. Le deuxième appel à projets qui s’est tenu du 1er janvier au 31 mars 2024 a permis de recueillir cent dix-huit idées citoyennes. Après regroupement d’idées similaires et avis de la commission d’instruction, une liste de vingt-quatre projets citoyens a été soumise au vote des Albigeois de plus de seize ans, durant le mois d’octobre 2024. Au final, ce sont 6 723 votes qui se sont exprimés. Les atouts de la dynamique du budget participatif sont nombreux. Il favorise le dialogue, la confiance, le renforcement des liens entre le citoyen porteur de projet et les élus. Le citoyen impliqué comprend mieux le fonctionnement du budget d'une collectivité territoriale. Le Budget Participatif favorise également l'innovation et la créativité tout en valorisant l’expertise d'usage des citoyens. Les porteurs de projets s'informent davantage sur les actualités de la ville et se sentent plus concernés par les projets en cours et à venir. Par ailleurs les Conseillers consultatifs albigeois s’emparent de sujets qui impactent la vie de la cité pour amener leur contribution et leur éclairage sur des sujets d’intérêts communs au sein de commissions thématiques. Même si la démocratie participative ne peut se substituer à la démocratie représentative, elle ne manque pas d’intérêt pour développer une démarche de co-construction de la ville de demain.

Quelles sont aujourd'hui les autres priorités de la seconde partie de votre mandat à la mairie d'Albi ? En quoi Albi est-elle toujours aujourd'hui une "ville d'équilibre" et comment oeuvrez vous à la conservation de "territoires à taille humaine" ?
Pour la première fois de son histoire notre Ville vient de franchir le cap des 50 000 habitants, signe de dynamisme et d’attractivité. L'attractivité de la Ville d'Albi se traduit également d'un point de vue démographique. Cela vient conforter son rôle de centralité sur le territoire. Albi est plus que jamais une ville d’équilibre de plus 50 000 habitants, au centre d’une agglomération de près de 85 000 habitants et une interaction dynamique avec un bassin de vie de plus de 150 000 habitants. C’est une ville d’équilibre entre territoires urbains et ruraux, et qui est fière de l’être. Ainsi lorsque l’agglomération décide d’un nouveau projet de piscines, elle le conçoit à l’échelle d’un territoire plus large composé de collectivités et intercommunalités qui n’ont pas les moyens de concevoir de tels projets. Il s'agit désormais de confirmer et de poursuivre cette dynamique démographique tout en conciliant la nécessaire production de logements, la sobriété foncière, le patrimoine bâti existant et la qualité de vie des habitants. 2025 sera une grande année avec la livraison de chantiers importants (nouvelle passerelle et Pont vieux restauré sur le Tarn), le démarrage de travaux emblématiques avec la première phase du développement de notre Pole d’échange multimodal au niveau de la gare l’Albi centre et l’entrée dans la phase opérationnelle d’un nouvel équipement culturel dédié au navigateur explorateur Albigeois Lapérouse. De nouvelles pistes cyclables seront livrées dans le cadre d’une politique de déplacement doux particulièrement ambitieuse. Le Centre européen des mobilités nouvelles « Albility » sur le circuit d’Albi, dont l’ambition est de contribuer au développement et au déploiement de la filière hydrogène et des mobilités décarbonées, devrait ouvrir son premier bâtiment dédié à la formation et à l’accueil de bureaux d’études. Enfin, notre ville célébrera comme il se doit le 40 anniversaire de son jumelage avec Gérone et le 15 anniversaire de l’inscription de la cité épiscopale d’Albi sur la liste du Patrimoine Mondial.
Comments